"... parceque la vie est faite de mouvements et d'échanges ..."

"... la culture naît du métissage ..."




 


>>Article paru dans le Républicain Lorrain du 3 juillet 2004

  société ------ festival  
L'exception multiculturelle rejetée à La Madine
Régis et Aurélien avaient tout prévu, signé les contrats avec les artistes, les DJ, loué le matériel, demandé toutes les autorisations, passé une convention avec La Madine. Il y a quelques jours, le festival multiculturel est tombé à l'eau. Raison invoquée: "trouble à l'ordre public".

On imagine bien ce brassage culturel où toutes les barrières s'estompent le temps d'une nuit. Un festival mêlant tous les genres de musique, avec en prime de la danse, des acrobaties, des cracheurs de feu... Un événement qui était censé redonner un air vivifiant au lac de la Madine.

Trois scènes étaient prévues, dont une consacrée à la house et à la techno, avec DJ mixant de 17 h à l'aube. La manifestation devait avoir lieu aujourd'hui. Aurélien et Régis y travaillaient depuis mars dernier. "On avait pris les devants>, assurent-ils. "Car lorsqu'il y a de la musique électronique, les délais sont plus longs. Les autorités ont tendance à se méfier, car elles pensent tout de suite à la rave-party>. Rien à voir pourtant ici, rien n'a été effectué dans l'illégalité. Les autorisations ont été demandées à temps, une convention a été passée avec les élus locaux... Du travail de professionnels.

Nous avions eu le feu vert pour le débit de boissons>, affirme, preuve en main, Aurélien. "Puis tout a coincé>. Premier signe, un problème pour assurer la sécurité. "J'avais pris contact avec la société qui s'occupe de la Madine. Nous avions convenu qu'elle allait faire le nécessaire>. Il y a deux semaines, un recommandé arrive au domicile d'Aurélien. Mauvais présage: "ce même interlocuteur m'écrit qu'il est dans l'impossibilité d'intervenir. A nous de trouver une solution intermédiaire>. Le château de cartes était sur le point de s'effondrer. Le compte rendu de la commission de sécurité réunie le 24 juin, arrive par fax, le 1er juillet, au domicile de l'organisateur.

Sécheresse, seringues...

Et si certains motifs de refus semblent légitimes, d'autres paraissent un peu farfelus aux yeux des organisateurs. La fréquentation tout d'abord, 2 000 à 3 000 personnes prévues par Aurélien dit la missive, pouvant très vite arriver à 8 à 10 000 personnes, "sachant que par ailleurs une billetterie parallèle clandestine a été créée>. "Aucun fondement!> soupire Régis.

Il est aussi question de la gestion du stationnement, des difficultés d'accès au site, des secours, du nombre insuffisant de barrières anti-émeutes, et des risques nocturnes à cause de la nature du site: plan d'eau, bois, forêts et risque de feu en période particulière de sécheresse touchant actuellement l'Est de la France: "grotesque>, fulmine Aurélien.

Et là où le bât blesse vraiment, c'est le parallèle tracé entre concerts, musique techno et produits stupéfiants: "La gestion des déchets à risque infectieux (seringues...) n'est pas assurée par l'organisateur. Ce manquement s'avère particulièrement incompatible avec la nature du site et la présence des lieux de baignade>. Des préjugés qui renvoient au tollé provoqué en 2001 par l'amendement Mariani relatif à la loi sur la sécurité quotidienne. Les parlementaires et élus de gauche parlaient alors de législation "liberticide>, "sécuritaire>.

"On est dégoûtés!" Régis et Aurélien disent avoir été bluffés, crient à la discrimination. Et pour les achever, cet arrêté municipal et son article 1: la manifestation multiculturelle prévue sur le site de Madine est interdite au motif du risque de trouble à l'ordre public. En droit, estiment-ils, l'argument fait fi du principe de présomption d'innocence.

Romuald Ponzoni
Paru le : 03/07/04 (Metz / Actualité)





© EKLYPSE Productions